• Ce petit tube de papier et de tabac nous obsède, nous les fumeurs et fumeurs repentis. Elle occupe un place folle, autour d'elle c'est tout un cérémonial,  toute la journée rythmée par les instants où on la retrouve.

    Ce dessin de Blachon m'a suivie sur mon lieu de travail où j'ai enfumé sans vergogne mes collègues, puis chez moi, pour le souvenir lorsque j'ai arrêté - cela fera 20 ans cette année et j'en rêve encore...

    En 2011 j'avais choisi de parler de la cigarette, sur mon blog "Encrer le Monde", pour rendre hommage à Alain Leprest qui a tiré sa révérence cet été là, dans le village de Jean Ferrat, dont il était l'ami, Antraigues sur Volane. Il avait consacré l'une de ses chansons à la "Gitane" :

    « Dans ce siècle où tout se consume
    Entre nos doigts jaunes et se jette
    O toi qui portera mon deuil
    Demain couché dans le cercueil
    De mon étui de cigarettes
    O toi qui portera mon deuil
    Demain couché dans le cercueil
    De mon étui de cigarettes »

    La cigarette

    "La nuit gitane" une oeuvre de Marcel Robelin  réalisée avec de la cendre de cigarettes (*)

    J'avais  choisi aussi un poème de Jules Laforgue, "la Cigarette "justement ironique :

    Oui, ce monde est bien plat ; quant à l’autre, sornettes.
    Moi, je vais résigné, sans espoir, à mon sort,
    Et pour tuer le temps, en attendant la mort,
    Je fume au nez des dieux de fines cigarettes.

    Allez, vivants, luttez, pauvres futurs squelettes.
    Moi, le méandre bleu qui vers le ciel se tord
    Me plonge en une extase infinie et m’endort
    Comme aux parfums mourants de mille cassolettes.

    Et j’entre au paradis, fleuri de rêves clairs
    Ou l’on voit se mêler en valses fantastiques
    Des éléphants en rut à des chœurs de moustiques.

    Et puis, quand je m’éveille en songeant à mes vers,
    Je contemple, le cœur plein d’une douce joie,
    Mon cher pouce rôti comme une cuisse d’oie.

    Comment ne pas penser non plus à Serge Gainsbourg et ses possessives Gitanes...

    Alain Leprest sur You Tube :

    (*) La Nuit Gitane – une œuvre de Marcel Robelin Photographie réalisée lors d'une visite avec la MAC'A de l'atelier de l'artiste - le blog de l'association : http://mac-a.quoideneuf.over-blog.com/

    Annule et remplace l'article publié en 2011 sur "Encrer le Monde"

     


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  •  "Le mien ne mange pas les souris: il n'aime pas ça. Il n'en attrape une que pour jouer avec.
    Quand il a bien joué, il lui fait grâce de la vie, et il va rêver ailleurs, l'innocent, assis dans la boucle de sa queue, la tête bien fermée comme un poing.
    Mais, à cause des griffes, la souris est morte."

    Le chat - Jules Renard

     


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  •  L'artiste connue tout autant par ses sculptures que par sa liaison avec Auguste Rodin a fini sa vie à l'hôpital psychiatrique de Montfavet. 

    2013 a été une année d'hommage à l'artiste décédée en 1943 à Mondevergues, où elle était internée depuis 1914. A l'époque l'asile  était surpeuplé, le régime de Vichy organisait la pénurie provoquant le décès de nombreux malades, conformément sans doute à la politique nazie d'élimination systématique des malades mentaux.

    Abandonnée par sa famille jusque dans la mort, elle est inhumée dans une fosse commune, une stèle commémorative rappelle son séjour ici,

    Il y a 100 ans :  Camille Claudel

    Une exposition a été consacrée à son internement, à l'hôpital de Montfavet et elle était l'une des "Papesses" de la grande exposition organisée par la Collection Lambert en 2013, et dont j'ai déjà parlé à propos de Louise Bourgeois, ICI

    Il y a 100 ans :  Camille Claudel

    Le Psaume - "Les Papesses" - Palais des Papes

    Il y a 100 ans donc Camille Claudel était internée à Avignon à la demande de sa famille Seul son frère Paul lui rendit visite durant ces trente années passées à Mondevergues, ni sa mère ni sa sœur ne vinrent jamais la voir.

    Mais sa plus grande souffrance fut de ne pas pourvoir sculpter.

    Au même moment, en Suisse, Aloise Corba, commence à écrire et à peindre lors de son internement à Gime, elle deviendra l'une des figures emblématiques de" l'art brut, dénomination qui vaut ce qu'elle vaut, faute de mieux.

    Il y a 100 ans :  Camille Claudel à Mondevergues

    Les Papesses : entrée de la Collection Lambert : reproduction d'une photographie des Archives Municipales d'Avignon avec en premier plan "Remote control"  de Jana Sterbak

    Aujourd'hui, on le sait, les conditions d'internement et les soins prodigués aux malades ont beaucoup changé.  Pour en témoigner l'existence d'un atelier de création artistique dans l'actuel hôpital de Montfavet, l'atelier "Marie Laurencin", juste retour des choses d'avoir ainsi donné le nom d'une artiste féminine à cet atelier ouvert à tous les publics. Sous la responsabilité de l'équipe soignante et grâce à l'intervention d'artistes, tels le peintre Michel Trinquier, en 1998, ou la plasticienne Sabrina Gruss, chacun peut développer sa propre création. Les œuvres sont régulièrement exposées, dans le centre hospitalier lui-même ou dans d'autres lieux du Vaucluse.

    En 2011 déjà, la ville de Sorgues avait présenté une vingtaine d'œuvres de l'artiste sous le titre "Entre ombre et lumière". Les sculptures étaient présentées dans une salle tendue de tentures noires et plongée dans l'obscurité et semblaient donc en émerger. On pouvait tourner autour des œuvres présentées à hauteur des yeux, seul bémol une lumière unique et fixe qui les figeait.

    En 2013 à Avignon, les œuvres de Camille Claudel étaient présentées en relation de celles des autres artistes et j'ai choisi un rapprochement que la scénographie imposait :

     

    Il y a 100 ans :  Camille Claudel à Mondevergues

    l'un des bustes de Paul Claudel à l'arrière de "Corona" couronne en feuilles de laurier en argent de Jana Sterbak

    "Avec Les Papesses, pas moins de 25 oeuvres ont été réunies pour cet exceptionnel hommage dont La Valse (1889-1905), le Buste de Rodin (1888), celui de Paul Claudel enfant en jeune romain et adulte, Persée et la Gorgone (1899-1905), Les Causeuses (1897), Aurore (vers 1900), L’Implorante (1893-1905)…"   sur le site de l'exposition

    Les Papesses - Exposition du 9 juin au 11 novembre 2013 - Collection Lambert et Palais des Papes - qui réunissait  Louise Bourgeois - Camille Claudel - Berlinde de Bruyckère - Kiki Smith et Jana Sterbak.

    2013 c'est aussi un film "Camille Claudel 1915" - voir l'article ICI


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  • Variations d'une nature morte

    Les kakis

    en premier l'aquarelle,

    Les kakis

    en second l'acrylique.

    A noter que si j'aime les peindre, par contre je ne les mange pas. A noter encore que si le pot et la bouteille sont les mêmes, les Kakis, eux, sont différents.


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  • "Le chat et l'oiseau " Paul Klee - Jacques Prévert

    Paul Klee -1928 -  huile sur toile - 15x21 MoMA New York - Wikipedia

    Le chat de Paul Klee a l'oiseau dans la tête. Il rêve de l'oiseau et a les yeux dans le vague. Alors, les chats rêvent-ils d'oiseaux ? Rêvent-ils de les dévorer au point d'en être obsédés ?

    Jacques Prévert donne sa réponse dans un poème :


    Un village écoute désolé
    Le chant d'un oiseau blessé
    C'est le seul oiseau du village
    Et c'est le seul chat du village
    Qui l'a à moitié dévoré
    Et l'oiseau cesse de chanter
    Le chat cesse de ronronner
    Et de se lécher le museau
    Et le village fait à l'oiseau
    De merveilleuses funérailles
    Et le chat qui est invité
    Marche derrière le petit cercueil de paille
    Où l'oiseau mort est allongé
    Porté par une petite fille
    Qui n'arrête pas de pleurer
    «Si j'avais su que cela te fasse tant de peine,
    Lui dit le chat,
    Je l'aurais mangé tout entier
    Et puis j'aurais raconté
    Que je l'avais vu s'envoler
    S'envoler jusqu'au bout du monde
    Là-bas où c'est tellement loin
    Que jamais on n'en revient
    Tu aurais eu moins de chagrin
    Simplement de la tristesse et des regrets.»

    Il ne faut jamais faire les choses à moitié.

    Le chat a cessé de rêver...


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  • "Moi Eugénie Grandet" - Louise Bourgeois

    J'ai découvert ce petit opus grâce à la Médiathèque d'Avignon, comme beaucoup d'autres. Il est en fait le catalogue d'une exposition consacrée à Louise Bourgeois à  la Maison de Balzac du 3 novembre 2010 au 6 février 2011, projet maintenu malgré le décès de l'artiste en juin 2010. Le livre rend bien compte de la série des compositions se présentant comme des pages d'un herbier et allient la broderie et d'autres techniques.

    Louise Bourgeois se retrouvait dans le personnage d'Eugénie Grandet. Comme l'héroïne de Balzac, Louise Bourgeois, était très liée à sa mère (la série des "maman", araignées géantes), comme elle aussi elle a pratiqué la broderie dans sa jeunesse.

     

    "Moi Eugénie Grandet" - Louise Bourgeois

    Araignée en tapisserie, présente dans l'exposition des Papesses

    L'araignée pour Louise Bourgeois était la tisseuse qui protège ses enfants.  Comme Eugénie Grandet donc, elle a pratiqué la broderie et elle l'a incluse dans les nombreuses techniques qu'elle a pu utiliser tout au cours de sa vie, et dans son œuvre. Il s'agissait ici d'un ultime retour à cette pratique. Comme elle aussi, elle vient d'un milieu bourgeois et le père Grandet en est le représentant, l'archétype du laid. Eugénie Grandet, au contraire de Louise Bourgeois ne s'est jamais affirmée, elle s'est sacrifiée et n'a connu qu'effacement,  frustration et solitude. Des thèmes récurrents dans l'œuvre de Louise Bourgeois.

    L'exposition des Papesses organisée par la Fondation Lambert à Avignon en 2013 a permis de confronter son œuvre à celle de quatre autres femmes sculpteur.  Et il est évident que de toutes, Louise Bourgeois était l'artiste qui a le mieux cerné la condition de la femme, dans toute son acceptation, depuis la naissance, la filiation jusqu'à l'enfantement en passant par la sexualité, la parure, etc... 

    "Moi Eugénie Grandet" - Louise Bourgeois

    détails entrevus de l'une des cellules où le fil, toujours, rejoint la sculpture


    L'une des forces de Louise Bourgeois, et  cette exposition en rendait bien compte, c'est d'avoir parlé de la femme, et souvent de manière crue à la limite du supportable - témoin cette sculpture d'une femme enceinte suspendue par son ventre présentée à la Fondation Datris de L'Isle sur la Sorgue à la même période - pas seulement en se réappropriant les techniques traditionnelles des femmes. Elle a su utiliser les matériaux "masculins" de la statuaire et notamment le bronze :

    "Moi Eugénie Grandet" - les "Papesses "Louise Bourgeois

     Mains d'accueil dans les jardins du Palais des Papes.

    Je ne veux pas ici établir de comparaison avec les autres artistes exposées à Avignon en 2013, et notamment Camille Claudel. Non mon propos est centré sur Louise Bourgeois que je découvre chaque fois un peu plus à chaque exposition. Elle est toujours là où on ne l'attend pas et a su extraire de son parcours intime une "œuvre" universelle.

    "Moi Eugénie Grandet " Collection Le cabinet des Lettrés - Gallimard - Préface "Les mystère d'une identification essai de Jean Frémon - 2010 - L'occasion de relire Balzac...

    Les Papesses - Exposition du 9 juin au 11 novembre 2013 - Collection Lambert et Palais des Papes - qui réunissait  Louise Bourgeois - Camille Claudel - Berlinde de Bruyckère - Kiki Smith et Jana Sterbak.


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  • Avec la gothique textura quadrata

    Bas de page avec une "drôlerie" reprise d'un psautier d'Ormesby - Angleterre - fin XIIIe début XIVe, extraite de l'ouvrage "Chats du Moyen-Age" - même si j'ai choisi une scène où c'est un chien qui accompagne le couple.

    Le texte est de Khalil Gibran et la phrase en partie représentée est : "De même que les cordes d'un luth sont seules cependant qu'elles vibrent de la même harmonie".

    Alphabet de base :

    Avec la gothique textura quadrata

    il s'agit ici de la "gamme" que l'on fait avant de commencer à écrire le texte définitif,  il ne peut pas s'agir d'un modèle.

    PS : je ne présente pas l'ensemble de la page car je ne suis pas du tout satisfaite du résultat.


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  • Afficher son anorexie, la revendiquer, est aujourd'hui un signe extérieur de richesse comme afficher sa cellulite a pu l'être à l'époque où Rubens peignait cette Vénus séduisant Adonis.

    L'anorexie comme signe extérieur de richesse

    Nous vivons aujourd’hui, dans les pays nantis, sous le diktat d'une "esthétique formatée dans la minceur." L'obésité, avant même d'être considérée comme une maladie, est vue comme un signe extérieur de pauvreté.

    Revendiquer ses rondeurs serait-il devenu, comme le prétend l'artiste russe Olga Tobreluts « un synonyme de liberté » ? (*)

    Alors laissons les « people » extérioriser leur anorexie et leur maigreur et posons nous la question de notre propre identité.

    (*) Citations in « Art Actuel » Le magazine des Arts Contemporains; n°54 - Image in Wikipedia.

    Cet article faisait partie d'une série consacrée au fléau que constitue l'anorexie - je rappelle qu'elle tue et fait des dégats irréversibles - que j'avais écrits dans "Encrer le Monde" et que j'ai supprimés aujourd'hui. En effet, loin de poser des questions, cela ne fait que contribuer à ce qui est malheureusement un vrai phénomène de mode et un problème de société.


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